L’histoire vient de faire date.
La pandémie aura permis à l’échelle mondiale un arrêt sur image et la mise en place d’une expérience menée grandeur nature qui teste et valide la faisabilité à grande échelle du télétravail comme option viable, réduisant au silence ses détracteurs qui incriminaient les risques de pertes de productivité, de désobéissance des employés et la fin de toute culture d’entreprise.
Doit-on conclure que « le présentiel » deviendra l’exception à la règle ? Là n’est pas le sujet. Ce qui est entériné est l’évidence que le télétravail est une option à égalité avec « le présentiel », et compte tenu du gain économique que représente cette solution pour l’entreprise, on peut imaginer que désormais l’employé se verra offrir un véritable choix. Non pas sous la forme d'une journée consentie du bout des lèvres, et comme si cela était un privilège du à la bonté d'âme du manager, mais comme un modèle économique gagnant-gagnant entre les deux parties du contrat.
La petite histoire rejoindra-t-elle celle avec un grand H ?
La chronique historique dira peut-être que ce fut dans ces années difficiles « 20-22 » que l’homme du 21e siècle s’émancipa définitivement des règles séculaires qui régissaient jusque-là le monde du travail. Il s’écrira qu’élevé à un nouveau statut, l’Homo Numericus devint l’égal de l’Homo Sapiens, donnant à ce dernier le double privilège de retrouver l'autorité sur son corps physique autrefois aliéné par le travail, tout en propulsant le professionnel en mille lieux à la fois grâce à ses avatars numériques.
Ainsi, la cellule familiale, autrefois désertée, redevint l’espace de vie quotidien de millions de femmes et d’hommes. Les territoires ruraux qu’on réunissait jadis sous le vocable de «désert français » furent pris d’assaut par des millions de post-urbains qui désertèrent brutalement les espaces métropolitains pour conquérir hameaux et villages, et transformer de vieilles bâtisses en bureaux ultra-connectés. Ainsi, la croissance démographique des pays développés reprit une courbe enthousiaste, tandis que la santé publique voyait enfin décroitre les statistiques affolantes sur les maladies liées à l'obésité, le diabète et les risques cardiovasculaires et d’AVC. La pression démographique diminuant, les métropoles eurent enfin les coudées franches pour engager les réformes indispensables, dégorger les axes routiers, améliorer la qualité des moyens de transport, mieux contrôler les facteurs de pollution et transformer l’habitat urbain en l’adaptant à une population de passage.
Confrontées à cet éparpillement démographique, les pandémies s’essoufflèrent à battre campagne et les agents pathogènes retrouvèrent leurs hôtes originels.
Et le chroniqueur de cette histoire écrite dans une futur proche de conclure : il était temps !
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